Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/59

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— Il vient d’entrer dans la voiture, madame.

— Il ne lui est rien arrivé ?

— Rien.

— Vous êtes sûr ?

— Il a du moins sauté à bas de son cheval en homme sain et sauf.

— Ah ! Dieu soit loué !

Et la jeune femme respira plus librement.

— Mais où donc étiez-vous, vous, monsieur, que vous vous trouvez là si à propos pour m’offrir votre aide ?

— Madame, surpris par l’orage, j’étais là dans cet enfoncement sombre, qui n’est autre chose que l’entrée d’une carrière, quand tout à coup j’ai vu venir du tournant une voiture lancée au galop. J’ai cru d’abord que les chevaux s’emportaient, mais j’ai bientôt vu qu’au contraire : ils étaient guidés par une main puissante, quand tout à coup le tonnerre est tombé avec un fracas si terrible que je me suis cru foudroyé moi-même, et qu’un instant je suis demeuré anéanti. Tout ce que je viens de vous raconter, je l’ai vu comme dans un rêve.

— Alors vous n’êtes pas sûr que celui qui conduisait les chevaux de derrière soit dans la voiture ?

— Oh ! si, madame. J’étais revenu à moi, et je l’ai parfaitement vu entrer.

— Assurez-vous qu’il y est encore, je vous prie.

— Comment cela ?

— En écoutant. S’il est dans l’intérieur de la voiture, vous entendrez deux voix.

Le jeune homme sauta à bas du marchepied, s’approcha de la paroi extérieure de la caisse et écouta.

— Oui, madame, dit-il en revenant, il y est.

La jeune femme fit un signe de tête qui voulait dire : « C’est bien ! » mais elle demeura la tête appuyée sur sa main, comme plongée dans une profonde rêverie.

Pendant ce temps, le jeune homme eut le temps de l’examiner.

C’était une jeune femme de vingt-trois à vingt-quatre ans,