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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/18

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— Votre main seulement, que je la baise, sire, et donnez-moi mentalement cette précieuse bénédiction.

C’était pour ceux qui étaient instruits de sa résolution, un spectacle grand et solennel que celui de cette noble princesse, qui, à chaque pas qu’elle faisait, s’avançait vers ses aïeux, qui, du fond de leurs cadres d’or, semblaient la remercier de ce qu’elle venait, vivante, les retrouver dans leurs sépulcres.

À la porte, le roi salua sa fille, et revint sur ses pas sans dire un seul mot.

La cour le suivit, comme c’était l’étiquette.


XXVIII

LOQUE, CHIFFE ET GRAILLE.


Le roi se dirigea vers le cabinet des équipages, où il avait l’habitude, avant la chasse ou la promenade, de passer quelques moments pour donner des ordres particuliers au genre de service dont il avait besoin pour le reste de la journée.

Au bout de la galerie, il salua les courtisans, et leur fit un signe de la main indiquant qu’il voulait être seul.

Louis XV, demeuré seul, continua son chemin à travers un corridor sur lequel donnait l’appartement de Mesdames. Arrivé devant la porte, fermée par une tapisserie, il s’arrêta un instant et secoua la tête.

— Il n’y en avait qu’une bonne, grommela-t-il entre ses dents, et elle vient de partir.

Un éclat de voix répondit à cet axiome passablement désobligeant pour celles qui restaient. La tapisserie se releva et Louis XV fut salué par ces paroles que lui adressa en chœur un trio furieux :

— Merci, mon père !