Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/19

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Le roi se trouvait au milieu de ses trois autres filles.

— Ah ! c’est toi, Loque, dit-il, s’adressant à l’aînée des trois, c’est-à-dire Madame Adélaïde. Ah ! ma foi ! tant pis, fâche-toi ou ne te fâche pas, j’ai dit la vérité.

— Ah ! dit madame Victoire, vous ne nous avez rien appris de nouveau, sire, et nous savons que vous avez toujours préféré Louise.

— Ma foi ! tu as dit là une grande vérité, Chiffe.

— Et pourquoi nous préférer Louise ? demanda d’un ton aigre Madame Sophie.

— Parce que Louise ne me tourmente pas, répondit-il avec cette bonhomie dont, dans ses moments d’égoïsme, Louis XV offrait un type si parfait.

— Oh ! elle vous tourmentera, soyez tranquille, mon père, dit Madame Sophie avec un ton d’aigreur qui attira particulièrement vers elle l’attention du roi.

— Qu’en sais-tu, Graille ? dit-il. Est-ce que Louise, en partant, t’a fait ses confidences, à toi ? Cela m’étonnerait, car elle ne t’aime guère.

— Ah ! ma foi ! en tout cas, je le lui rends bien, répondit Madame Sophie.

— Très bien ! dit Louis XV, haïssez-vous, détestez-vous, déchirez-vous, c’est votre affaire ; pourvu que vous ne me dérangiez pas pour rétablir l’ordre dans le royaume des amazones, cela m’est égal. Mais je désire savoir en quoi la pauvre Louise doit me tourmenter.

— La pauvre Louise ! dirent ensemble Madame Victoire et Madame Adélaïde, en allongeant les lèvres de deux façons différentes. En quoi elle doit vous tourmenter ? Eh bien ! je vais vous le dire, mon père.

Louis s’étendit dans un grand fauteuil placé près de la porte, de sorte que la retraite lui restait toujours chose facile.

— Parce que Madame Louise, répondit Sophie, est un peu tourmentée du démon qui agitait l’abbesse de Chelles, et qu’elle se retire au couvent pour faire des expériences.

— Allons, allons, dit Louis XV, pas d’équivoques, je vous