Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/21

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porter au roi un coup plus acéré que ceux qui venaient de glisser sur sa cuirasse.

— Mesdames, dit-elle du ton pincé qui lui était particulier quand elle sortait de cette indolence qui lui avait fait donner par son père le nom de Loque, Mesdames, vous n’avez trouvé ou vous n’avez pas osé dire au roi la véritable raison du départ de Madame Louise.

— Allons, bon, encore quelque noirceur, reprit le roi. Allez, Loque, allez !

— Oh ! sire, reprit celle-ci, je sais bien que je vous contrarierai peut-être un peu.

— Dites que vous l’espérez, ce sera plus juste.

Madame Adélaïde se mordit les lèvres.

— Mais, ajouta-t-elle, je dirai la vérité.

— Bon ! cela promet. La vérité ! Guérissez-vous donc de dire de ces choses-là. Est-ce que je la dis jamais, la vérité ? Eh ! voyez, je ne m’en porte pas plus mal, Dieu merci !

Et Louis XV haussa les épaules.

— Voyons, parlez, ma sœur, parlez, dirent à l’envi les deux autres princesses, impatientes de savoir cette raison qui devait tant blesser le roi.

— Bons petits cœurs, grommela Louis XV, comme elles aiment leur père, voyez !

Et il se consola en songeant qu’il le leur rendait bien.

— Or, continua Madame Adélaïde, ce que notre sœur Louise redoutait le plus au monde, elle qui tenait tant à l’étiquette, c’était…

— C’était ?… répéta Louis XV. Voyons, achevez au moins puisque vous voilà lancée.

— Eh bien ! sire, c’était l’intrusion de nouveaux visages.

— L’intrusion, avez-vous dit, fit le roi mécontent de ce début, parce qu’il y voyait d’avance où il tendait, l’intrusion ! Est-ce qu’il y a des intrus chez moi ? est-ce qu’on me force à recevoir qui je ne veux pas ?

C’était une façon assez adroite de changer absolument le sens de la conversation.

Mais Madame Adélaïde était trop fin limier de malice pour