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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/282

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mais ce que je sais, c’est que c’est un homme dangereux, terrible, devant lequel tout plie, tout tombe, tout s’écroule ; que l’on croit sans défense, et qui est armé ; que l’on croit seul, et qui fait sortir des hommes de terre. Et cela sans force, sans violence, avec un mot, un geste… en souriant.

— C’est bien, dit la princesse, quel que soit cet homme, rassurez-vous, mon enfant, vous serez protégée contre lui.

— Par vous, n’est-ce pas, Madame ?

— Oui, par moi, et cela tant que vous ne renoncerez pas vous-même à cette protection. Mais ne croyez plus, mais surtout ne cherchez plus à me faire croire aux surnaturelles visions que votre esprit malade a enfantées. Les murs de Saint-Denis, en tout cas, vous seront un rempart assuré contre le pouvoir infernal, et même, croyez-moi, contre un pouvoir bien plus à craindre, contre le pouvoir humain. Maintenant, Madame, que comptez-vous faire ?

— Avec ces bijoux qui m’appartiennent, Madame, je compte payer ma dot dans un couvent, dans celui-ci, si c’est possible.

Et Lorenza déposa sur une table de précieux bracelets, des bagues de prix, un diamant magnifique et de superbes boucles d’oreilles. Le tout pouvait valoir vingt mille écus.

— Ces bijoux sont à vous ? demanda la princesse.

— Ils sont à moi, Madame ; il me les a donnés, et je les rends à Dieu. Je ne désire qu’une chose.

— Laquelle, dites ?

— C’est que son cheval arabe Djérid, qui fut l’instrument de ma délivrance, lui soit rendu s’il le réclame.

— Mais vous, à aucun prix, n’est-ce pas, vous ne voulez retourner avec lui ?

— Moi, je ne lui appartiens pas.

— C’est vrai, vous l’avez dit. Ainsi, Madame, vous continuez à vouloir entrer à Saint-Denis et à continuer les pratiques de religion interrompues à Subiaco par l’étrange événement que vous m’avez raconté ?

— C’est mon vœu le plus cher, Madame, et je sollicite cette faveur à vos genoux.

— Eh bien ! soyez tranquille, mon enfant, dit la princesse,