Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Buvez un peu, madame la comtesse, dit M. Flageot, cela vous fera du bien.

En même temps il fit un signe à Marguerite, qui approcha deux verres de bière sur un plateau ; mais la vieille dame n’avait plus soif ; elle repoussa le plateau et les verres si rudement, que mademoiselle Marguerite, qui paraissait avoir quelques privilèges dans la maison, en fut blessée.

— Voyons, voyons, dit la comtesse en regardant M. Flageot par-dessous ses lunettes, expliquons-nous un peu, s’il vous plaît.

— Je le veux bien, dit M. Flageot ; demeurez, Marguerite ; madame consentira peut-être à boire tout à l’heure ; expliquons-nous.

— Oui, expliquons-nous, si vous le voulez bien, car vous êtes inconcevable aujourd’hui, mon cher monsieur Flageot ; on dirait, ma parole, que la tête vous a tourné depuis les chaleurs.

— Ne vous irritez pas, madame, dit l’avocat en faisant manœuvrer son fauteuil sur les deux pieds de derrière pour s’éloigner de la comtesse, ne vous irritez pas et causons.

— Oui, causons. Vous dites que vous n’avez pas de fille, monsieur Flageot ?

— Non, madame, et je le regrette bien sincèrement, puisque cela paraissait vous être agréable, quoique…

— Quoique ? répéta la comtesse.

— Quoique, pour moi, j’aimerais mieux un garçon ; les garçons réussissent mieux ou plutôt tournent moins mal dans ces temps-ci.

Madame de Béarn joignit les deux mains avec une profonde inquiétude.

— Quoi ! dit-elle, vous ne m’avez pas fait mander à Paris par une sœur, une nièce, une cousine quelconque ?

— Je n’y ai jamais songé, madame, sachant combien le séjour de Paris est dispendieux.

— Mais mon affaire ?

— Je me réserve de vous tenir au courant quand elle sera appelée, madame.

— Comment, quand elle sera appelée ?