— Et de quoi s’agit-il donc, madame ?
— Il s’agit de mon procès. C’est à propos de mon procès que je vous demandais s’il n’y avait rien de nouveau.
— Oh ! quant à cela, dit M. Flageot en secouant tristement la tête, rien, madame, absolument rien.
— C’est-à-dire, rien…
— Non, rien.
— Rien, depuis que mademoiselle votre fille m’a parlé. Or, comme elle m’a parlé avant-hier, je comprends qu’il n’y ait pas grand-chose de nouveau depuis ce moment-là.
— Ma fille, madame ?
— Oui.
— Vous avez dit ma fille ?
— Sans doute, votre fille, celle que vous m’avez envoyée.
— Pardon, madame, dit M. Flageot, mais il est impossible que je vous aie envoyé ma fille.
— Impossible !
— Par une raison infiniment simple, c’est que je n’en ai pas.
— Vous êtes sûr ? dit la comtesse.
— Madame, répondit M. Flageot, j’ai l’honneur d’être célibataire.
— Allons donc ! fit la comtesse.
M. Flageot devint inquiet ; il appela Marguerite pour qu’elle apportât les rafraîchissements offerts à la comtesse, et surtout pour qu’elle la surveillât.
— Pauvre femme, pensa-t-il, la tête lui aura tourné.
— Comment, dit la comtesse, vous n’avez pas une fille ?
— Non, madame.
— Une fille mariée à Strasbourg ?
— Non, madame, non, mille fois non.
— Et vous n’avez pas chargé cette fille, continua la comtesse poursuivant son idée, vous n’avez pas chargé cette fille de m’annoncer en passant que mon procès était mis au rôle ?
— Non.
La comtesse bondit sur son fauteuil en frappant ses deux genoux de ses deux mains.