Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/44

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La comtesse frémit.

— Notez bien, continua le vice-chancelier, que cela ne fait rien quand au fond des choses, car un juge ne se laisse pas entraîner par des influences particulières.

— Mais c’est effrayant ce que Votre Excellence me fait l’honneur de me dire.

— Quant à moi, madame, continua M. de Maupeou, vous pensez bien que je m’abstiendrai ; je n’ai pas de recommandation à faire aux juges, et comme je ne juge pas moi-même, je puis donc parler.

— Hélas ! monseigneur, je me doutais bien d’une chose.

Le vice-président fixa sur la plaideuse ses petits yeux gris.

— C’est que messieurs de Saluces habitant Paris, messieurs de Saluces sont liés avec tous mes juges, c’est que messieurs de Saluces, enfin, seraient tout puissants.

— Parce qu’ils ont le droit d’abord.

— Qu’il est cruel, monseigneur, d’entendre sortir ces paroles de la bouche d’un homme infaillible comme est Votre Excellence.

— Je vous dis tout cela, c’est vrai, et cependant, reprit avec une feinte bonhomie M. de Maupeou, je voudrais vous être utile, sur ma parole.

La comtesse tressaillit ; il lui semblait voir quelque chose d’obscur, sinon dans les paroles, du moins dans la pensée du vice-président ; et que si cette obscurité se dissipait, elle découvrirait derrière quelque chose de favorable.

— D’ailleurs, continua M. de Maupeou, le nom que vous portez, et qui est un des beaux noms de France, est auprès de moi une recommandation très efficace.