Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/100

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si c’est possible… Oui, vraiment, elle est belle cette fille, et il est impossible qu’elle n’ait pas un amant… Elle ne lit pas, voyez… le livre va lui tomber des mains… il glisse… le voilà qui dégringole, tenez… Quand je vous le disais, Jean, elle ne lit pas, elle rêve.

— Ou elle dort.

— Les yeux ouverts ! de beaux yeux, sur ma foi !

— En tout cas, dit Jean, si elle a un amant, nous le verrons bien d’ici.

— Oui, s’il vient le jour, mais s’il vient la nuit ?…

— Diable ! je n’y songeais pas, et c’est cependant la première chose à laquelle j’eusse dû songer… cela prouve à quel point je suis naïf.

— Oui, naïf comme un procureur.

— C’est bon ! me voilà prévenu, j’inventerai quelque chose.

— Mais que cette lunette est bonne ! dit Chon, je lirais presque dans le livre.

— Lisez, et dites-moi le titre. Je devinerai peut-être quelque chose d’après le livre.

Chon s’avança avec curiosité, mais elle se recula plus vite encore qu’elle ne s’était avancée.

— Eh bien, qu’y a-t-il donc ? demanda le vicomte.

Chon lui saisit le bras.

— Regardez avec précaution, mon frère, dit-elle, regardez donc quelle est la personne qui se penche hors de cette lucarne, à gauche. Prenez garde d’être vu !

— Oh ! oh ! s’écria sourdement du Barry, c’est mon trempeur de croûtes, Dieu me pardonne !

— Il va se jeter en bas.

— Non pas, il est cramponné à la gouttière.

— Mais que regarde-t-il donc avec ces yeux ardents, avec cette ivresse sauvage ?

— Il guette.

Le vicomte se frappa le front.

— J’y suis ! s’écria-t-il.

— Quoi ?

— Il guette la petite, pardieu !