Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/102

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par plusieurs rangées de spectateurs adroitement placés au premier plan, de sorte que le roi, satisfait, avait envoyé son petit sourire à M. de Sartines, et que le lieutenant de police était assuré d’un bon remerciement.

Aussi avait-il cru pouvoir se lever à midi, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps, et avait-il profité, en se levant, de cette espèce de jour de congé qu’il se donnait pour essayer une ou deux douzaines de perruques neuves, tout en écoutant les rapports de la nuit, lorsqu’à la sixième perruque et au tiers de la lecture on annonça le vicomte Jean du Barry.

— Bon ! pensa M. de Sartines, voici mon remerciement qui m’arrive ! Qui sait, cependant, les femmes sont si capricieuses ! Faites entrer M. le vicomte dans le salon.

Jean, déjà fatigué de sa matinée, s’assit dans un fauteuil, et le lieutenant de police, qui ne tarda point à le venir trouver, put se convaincre qu’il n’y aurait rien de fâcheux dans l’entretien.

En effet, Jean paraissait radieux.

Les deux hommes se serrèrent la main.

— EH bien ! vicomte, demanda M. de Sartines, qui vous a amené si matin ?

— D’abord, répliqua Jean habitué avant toute chose à flatter l’amour-propre des gens qu’il avait besoin de ménager, d’abord j’éprouve le besoin de vous complimenter sur la belle ordonnance de votre fête d’hier.

— Ah ! merci. Est-ce officiellement ?

— Officiellement, quant à Luciennes.

— C’est tout ce qu’il me faut. N’est-ce pas là que le soleil se lève ?

— Et qu’il se couche quelquefois même.

Et du Barry se mit à éclater de ce gros rire assez vulgaire, mais qui donnait à son personnage la bonhomie dont souvent il avait besoin.

— Mais outre les compliments que j’ai à vous faire, je viens encore vous demander un service.