Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/104

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plus facile que de l’y faire prendre, dans cette maison. Qu’en voulez-vous faire une fois que vous le tiendrez ? le faire mettre à Charenton, à Bicêtre ?

— Non, pas précisément.

— Oh ! tout ce que vous voudrez, mon Dieu ; ne vous gênez pas.

— Non, ce garçon au contraire plaisait à ma sœur, et elle eût aimé à le garder près d’elle ; il est intelligent. Eh bien, si avec de la douceur on pouvait le lui ramener, ce serait charmant.

— On essaiera. Vous n’avez fait aucune question rue Plâtrière pour savoir chez qui il était ?

— Oh ! non, vous comprenez que je n’ai pas voulu me faire remarquer, compromettre la position ; il m’avait aperçu et s’était sauvé comme si le diable l’emportait ; s’il eût su que je connaissais sa retraite, peut-être eût-il déménagé.

— C’est juste. Rue Plâtrière, dites-vous ; au bout, au milieu, au commencement de la rue ?

— Au tiers à peu près.

— Soyez tranquille, je vais vous envoyer là un homme adroit.

— Ah ! cher lieutenant, un homme adroit, si adroit qu’il soit, parlera toujours un peu.

— Non ; chez nous on ne parle pas.

— Le petit est fin comme l’ambre.

— Ah ! je comprends : pardon de n’y être point arrivé plus tôt ; vous voudriez que moi-même ?… au fait, vous avez raison… ce sera mieux… car il y a peut-être là-dedans des difficultés dont vous ne vous doutez pas.

Jean, quoique persuadé que le magistrat voulait se faire un peu valoir, ne lui ôta rien de l’importance de son rôle.

Il ajouta même :

— C’est justement à cause de ces difficultés que vous pressentez que je désire de vous avoir en personne.

M. de Sartines sonna son valet de chambre.

— Qu’on mette les chevaux, dit-il.

— J’ai une voiture, dit Jean.