Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/117

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tombât en quenouille. Heureusement, M. le cardinal consulta M. de Richelieu là-dessus : c’était délicat ; mais M. de Richelieu était un grand maître en pareille matière. M. de Richelieu eut une idée lumineuse. Il y avait une demoiselle Lemaure, ou Lemoure, je ne sais plus trop, laquelle faisait des tableaux admirables ; on lui commanda une série de scènes ; vous comprenez ?

— Non, sire.

— Comment dirai-je cela ? Des scènes champêtres.

— Dans le genre des tableaux de Teniers, alors.

— Mieux que cela, primitives.

— Primitives ?

— Naturelles… Je crois que j’ai enfin trouvé le mot ; vous comprenez cette fois ?

— Comment ! s’écria M. de la Vauguyon rougissant, on osa présenter à Votre Majesté ?…

— Et qui vous parle de me présenter quelque chose, duc ?

— Mais pour que Votre Majesté pût voir…

— Il fallait bien que Ma Majesté regardât ; voilà tout.

— Eh bien ?

— Eh bien, j’ai regardé.

— Et… ?

— Et comme l’homme est essentiellement imitateur… j’ai imité.

— Certainement, sire, le moyen est ingénieux, certain, excellent, quoique dangereux pour un jeune homme.

Le roi regarda le duc de la Vauguyon avec ce sourire que l’on eût appelé cynique s’il n’eût glissé sur la bouche la plus spirituelle du monde.

— Laissons le danger pour aujourd’hui, dit-il, et revenons à ce qui nous reste à faire.

— Ah !

— Le savez-vous ?

— Non, sire, et Votre Majesté me rendra bien heureux en me l’apprenant.

— Eh bien, le voici : vous allez aller trouver M. le dauphin qui reçoit les derniers compliments des hommes, tandis