Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/116

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— Sire, M. le duc de Berry vivait sous le toit de Votre Majesté, dans l’innocence de l’enfant qui étudie.

— Eh ! monsieur, cet enfant n’étudie plus, il se marie.

— Sire, j’étais le précepteur de monseigneur…

— Justement, monsieur, il fallait donc lui apprendre tout ce qu’il doit savoir.

Et Louis XV se renversa dans son fauteuil en haussant les épaules.

— Je m’en doutais, ajouta-t-il avec un soupir.

— Mon Dieu, sire…

— Vous savez l’histoire de France, n’est-ce pas, monsieur de la Vauguyon ?

— Sire, je l’ai toujours cru, et je continuerai même de le croire, à moins toutefois que Votre Majesté ne me dise le contraire.

— Eh bien, alors, vous devez savoir ce qui m’est arrivé, à moi, la veille de mes noces.

— Non, sire, je ne le sais pas.

— Ah ! mon Dieu ! mais vous ne savez donc rien ?

— Si Votre Majesté voulait m’apprendre ce point, qui m’est resté inconnu ?

— Écoutez, et que ceci vous serve de leçon pour mes deux autres petits-fils, duc.

— J’écoute, sire.

— Moi aussi, j’avais été élevé comme vous avez élevé le dauphin, sous le toit de mon grand-père. J’avais M. de Villeroy, un brave homme, mais un très brave homme, tout comme vous, duc. Oh ! s’il m’eût laissé plus souvent dans la société de mon oncle le régent ! mais non, l’innocence de l’étude, comme vous dites, duc, m’avait fait négliger l’étude de l’innocence. Cependant, je me mariai, et quand un roi se marie, monsieur le duc, c’est sérieux pour le monde.

— Oh ! oui, sire, je commence à comprendre.

— En vérité, c’est bien heureux. Je continue donc. M. le cardinal me fit sonder sur mes dispositions au patriarcat. Mes dispositions étaient parfaitement nulles, et j’étais là-dessus d’une candeur à faire craindre que le royaume de France ne