Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/121

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Mais, comme si cette fois toutes les lois de l’étiquette et du cérémonial eussent dû céder à la malignité des circonstances, il se trouva que les personnes qui devaient introduire M. le dauphin dans la chambre nuptiale, ignorant que Son Altesse, d’après les dispositions du roi Louis XV, devait arriver par le corridor neuf, attendaient dans une autre antichambre.

Celle où venait d’entrer M. le dauphin était vide, et la porte qui donnait dans la chambre à coucher étant légèrement entrebâillée, il en résultait que M. le dauphin pouvait voir et entendre ce qui se passait dans cette chambre.

Il attendit, regardant à la dérobée, écoutant furtivement.

La voix de madame la dauphine s’éleva pure et harmonieuse, quoique un peu tremblante :

— Par où entrera M. le dauphin ? demanda-t-elle.

— Par cette porte, Madame, dit la duchesse de Noailles.

Et elle montrait la porte opposée à celle où se trouvait M. le dauphin.

— Et qu’entend-on par cette fenêtre, ajouta la dauphine ; on dirait le bruit de la mer ?

— C’est le bruit des innombrables spectateurs qui se promènent à la lueur de l’illumination, et qui attendent le feu d’artifice.

— L’illumination ? dit la dauphine avec un triste sourire. Elle n’a pas été inutile ce soir, car le ciel est bien lugubre ; avez-vous vu, madame ?

En ce moment, le dauphin, ennuyé d’attendre, poussa doucement la porte, passa sa tête par l’entrebâillement, et demanda s’il pouvait entrer.

Madame de Noailles poussa un cri, car elle ne reconnut pas le prince d’abord.

Madame la dauphine, jetée, par les émotions successives qu’elle avait éprouvées, dans cet état nerveux où tout nous effraie, saisit le bras de madame de Noailles.

— C’est moi, madame, dit le dauphin, n’ayez pas peur.

— Mais pourquoi par cette porte ? demanda madame de Noailles.

— Parce que, dit le roi Louis XV, en passant à son tour sa