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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/139

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Philippe se plaça aux pieds de sa sœur qui appuya une de ses mains sur son épaule.

Gilbert les avait suivis, et, placé à quatre pas des deux jeunes gens, dévorait des yeux Andrée.

— Êtes-vous bien, Andrée ? demanda Philippe.

— À merveille, répondit la jeune fille.

— Voilà ce que c’est que d’être belle, dit en souriant le vicomte.

— Oui, oui ! belle, bien belle ! murmura Gilbert.

Andrée entendit ces paroles ; mais comme elles venaient sans doute de la bouche de quelque homme du peuple, elle ne s’en préoccupa point davantage qu’un dieu de l’Inde ne se préoccupe de l’hommage que dépose à ses pieds un pauvre paria.


LXVII

LE FEU D'ARTIFICE.


Andrée et son frère étaient à peine établis sur le banc que les premières fusées serpentèrent dans les nuages, et qu’un grand cri s’éleva de la foule, désormais tout entière au coup d’œil qu’allait offrir le centre de la place.

Le commencement de l’embrasement fut magnifique et digne en tout de la haute réputation de Ruggieri. La décoration du temple s’alluma progressivement et présenta bientôt une façade de feux. Des applaudissements retentirent ; mais ces applaudissements se changèrent bientôt en bravos frénétiques, lorsque de la gueule des dauphins et des urnes des fleuves s’élancèrent des jets de flamme qui croisèrent leurs cascades de feux de différentes couleurs.

Andrée transportée d’étonnement à la vue de ce spectacle qui n’a pas d’équivalent au monde, celui d’une population de sept cent mille âmes rugissant de joie en face d’un palais de flamme,