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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/153

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Le vieillard s’approcha à son tour.

— C’est lui ! s’écria-t-il en ouvrant les bras.

Cette exclamation attira l’attention du jeune homme.

— Gilbert !… s’écria à son tour Philippe.

— Vous connaissez Gilbert, monsieur ?

— C’est Gilbert que vous cherchez ?

Ces deux exclamations se croisèrent simultanément. Le vieillard saisit la main de Gilbert, elle était glacée. Philippe ouvrit le gilet du jeune homme, écarta la chemise, et posa la main sur son cœur.

— Pauvre Gilbert ! dit-il.

— Mon cher enfant ! soupira le vieillard.

— Il respire ! il vit !… il vit ! vous dis-je ! s’écria Philippe.

— Oh ! croyez-vous ?

— J’en suis sûr, son cœur bat.

— C’est vrai ! répondit le vieillard. Au secours ! au secours ! il y a là-bas un chirurgien.

— Oh ! secourons-le nous-mêmes, monsieur ; tout à l’heure je lui ai demandé du secours et il m’a refusé.

— Il faudra bien qu’il soigne mon enfant ! s’écria le vieillard exaspéré. Il le faudra. Aidez-moi, monsieur, aidez-moi à lui conduire Gilbert.

— Je n’ai qu’un bras, dit Philippe, il est à vous, monsieur.

— Et moi, tout vieux que je suis, je serai fort. Allons !

Le vieillard saisit Gilbert par les épaules ; le jeune homme passa les deux pieds sous son bras droit, et ils cheminèrent ainsi jusqu’au groupe que continuait de présider l’opérateur.

— Du secours ! du secours ! cria le vieillard.

— Les gens du peuple d’abord ! les gens du peuple, répondit le chirurgien, fidèle à sa maxime, et sûr qu’il était, chaque fois qu’il répondait ainsi, d’exciter un murmure d’admiration dans le groupe qui l’entourait.

— C’est un homme du peuple que j’apporte, dit le vieillard avec feu, mais commençant à ressentir un peu de cette admiration générale que cet absolutisme du jeune chirurgien soulevait autour de lui.