Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/159

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Capucines, il gagna la place des Conquêtes ou Louis-le-Grand, appelée aujourd’hui la place des Victoires.

Mais à peine le baron était-il arrivé à vingt pas de l’hôtel, que Nicole, placée en sentinelle sur le seuil de la porte, où elle bavardait avec quelques commères, cria :

— Et monsieur Philippe ! et mademoiselle Andrée ! que sont-ils devenus ?

Car tout Paris savait déjà des premiers fuyards la catastrophe exagérée encore par leur terreur.

— Oh ! mon Dieu ! s’écria le baron un peu ému, est-ce qu’ils ne sont pas rentrés, Nicole ?

— Mais non, mais non, monsieur, on ne les a pas vus.

— Ils auront été forcés de faire un détour, répliqua le baron, tremblant de plus en plus, à mesure que se démolissaient les calculs de sa logique.

Le baron demeura donc dans la rue à attendre à son tour, avec Nicole, qui gémissait, et La Brie, qui levait les bras au ciel.

— Ah ! voici M. Philippe, s’écria Nicole avec un accent de terreur impossible à décrire, car Philippe était seul.

En effet, dans l’ombre de la nuit accourait Philippe, haletant, désespéré.

— Ma sœur est-elle ici ? cria-t-il du plus loin qu’il aperçut le groupe qui encombrait le seuil de l’hôtel.

— Oh ! mon Dieu ! fit le baron pâle et trébuchant.

— Andrée ! Andrée ! cria le jeune homme en approchant de plus en plus ; où est Andrée ?

— Nous ne l’avons pas vue ; elle n’est pas ici, monsieur Philippe. Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! chère demoiselle ! cria Nicole éclatant en sanglots.

— Et tu es revenu ? dit le baron avec une colère d’autant plus injuste, que nous avons fait assister le lecteur aux secrets de sa logique.

Philippe, pour toute réponse, s’approcha, montra son visage sanglant et son bras brisé et pendant à son côté comme une branche morte.