Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/166

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lui donna d’une voix basse et presque éteinte les détails de la catastrophe.

Il ne raconta pas pourquoi il était allé voir le feu d’artifice ; la simple curiosité, disait-il, l’avait conduit sur la place Louis XV.

Rousseau ne pouvait en soupçonner davantage, à moins d’être sorcier.

Il ne témoigna donc aucune surprise à Gilbert, se contenta des questions déjà faites, et lui recommanda seulement la plus grande patience. II ne lui parla pas non plus du lambeau d’étoffe qu’on lui avait vu dans la main et dont Philippe s’était saisi.

Cependant cette conversation, qui pour tous deux côtoyait de si près l’intérêt réel et la vérité positive, n’en était pas moins attrayante, et ils s’y livraient l’un et l’autre tout entiers, quand tout à coup le pas de Thérèse retentit sur le palier.

— Jacques ! dit-elle, Jacques !

— Eh bien, qu’y a-t-il ?

— Quelque prince qui vient me voir à mon tour, dit Gilbert avec un pâle sourire.

— Jacques ! cria Thérèse avançant et appelant toujours.

— Eh bien, voyons, que me veut-on ?

Thérèse apparut.

— C’est M. de Jussieu qui est en bas, dit-elle, et qui, ayant appris qu’on vous avait vu là-bas cette nuit, vient savoir si vous avez été blessé.

— Ce bon Jussieu ! dit Rousseau ; excellent homme, comme tous ceux qui se rapprochent par goût ou par nécessité de la nature, source de tout bien ! Soyez calme, ne bougez pas, Gilbert, je reviens.

— Oui, merci, dit le jeune homme.

Rousseau sortit.

Mais à peine était-il dehors que Gilbert, se soulevant du mieux qu’il put, se traîna vers la lucarne, d’où l’on découvrait la fenêtre d’Andrée.

Il était bien pénible, pour un jeune homme sans forces, presque sans idées, de se hisser sur le tabouret, de soulever