— Parbleu ! voilà une belle occasion de promenade pour notre blessé… amenez-le.
— Si loin ?
— C’est à deux pas ; d’ailleurs mon carrosse me conduit à Bougival : je vous emmène… Nous montons par le chemin de la Princesse à Luciennes ; nous gagnons de là Marly. À chaque instant des botanistes s’arrêtent, notre blessé portera nos pliants… nous herboriserons tous deux, vous et moi ; lui vivra…
— Que vous êtes un homme aimable, mon cher savant ! dit Rousseau.
— Laissez faire, j’ai mon intérêt à cela ; vous avez, je le sais, un grand travail préparé sur les mousses, et moi j’y vais un peu à tâtons : vous me guiderez.
— Oh ! fit Rousseau dont la satisfaction perça malgré lui.
— Là-haut, ajouta le botaniste, un petit déjeuner, de l’ombre, des fleurs superbes. C’est dit ?
— C’est dit… À dimanche la charmante partie. Il me semble que j’ai quinze ans ; je jouis d’avance de tout le bonheur que j’aurai, répondit Rousseau avec la satisfaction d’un enfant.
— Et vous, mon petit ami, affermissez vos jambes d’ici-là.
Gilbert balbutia une sorte de remerciement que M. de Jussieu n’entendit pas, les deux botanistes laissant Gilbert tout à ses pensées et surtout à ses craintes.
LXXI
LA VIE REVIENT.
Cependant, tandis que Rousseau croyait avoir rassuré complétement son malade, et que Thérèse racontait à toutes ses voisines que, grâce aux prescriptions du savant médecin, M. de Jussieu, Gilbert était hors de tout danger ; pendant