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LIV

LE PAVILLON.


Rentré tard, couché vite, endormi lourdement, Gilbert avait oublié de placer sur sa lucarne le lambeau de toile à l’aide duquel il interceptait la lumière du soleil levant.

Ce soleil, frappant sur ses yeux, à cinq heures du matin, le réveilla bientôt ; il se leva, inquiet d’avoir trop dormi.

Gilbert, homme des champs, savait à merveille reconnaître l’heure au gisement du soleil et à la couleur plus ou moins chaude de ses rayons. Il courut consulter son horloge.

La pâleur de la lumière, éclairant à peine le faîte des hauts arbres, le rassura ; au lieu de s’être levé trop tard, il s’était levé trop tôt.

Gilbert fit sa toilette à sa lucarne, songeant aux événements de la veille, et exposa avec délices son front brûlant et alourdi à la brise fraîche du matin ; puis il se souvint qu’Andrée logeait dans une rue voisine, près de l’hôtel d’Armenonville, et il chercha à deviner dans laquelle de toutes ces maisons logeait Andrée.

La vue des ombrages qu’il dominait lui rappela une des paroles de la jeune fille qu’il avait entendues la veille.

« Y a-t-il des arbres ? » avait demandé Andrée à Philippe.

— Que n’avait-elle choisi le pavillon inhabité du jardin, se disait Gilbert.

Cette réflexion ramena naturellement le jeune homme à s’occuper de ce pavillon.

Par une coïncidence étrange avec sa pensée, un bruit et un mouvement inaccoutumés appelaient d’ailleurs son regard de ce côté ; une des fenêtres de ce pavillon, fenêtre qui semblait depuis si longtemps condamnée, s’ébranlait sous une main maladroite ou faible ; le bois cédait par en haut ; mais, attaché