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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/18

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Il gagna l’extrémité la plus voisine, celle d’ailleurs par laquelle s’était éloigné le carrosse, et à son grand étonnement, à cette extrémité, il rencontra la fontaine à laquelle il avait l’habitude de boire.

Il fit dix pas dans une rue en retour parallèle à celle qu’il quittait, et reconnut le boulanger qui lui vendait son pain.

Il doutait encore et revint jusqu’à l’angle de la rue. À la lueur lointaine d’un réverbère, il put lire alors sur un fond de pierre blanche les deux mots qu’il avait lus trois jours auparavant en revenant d’herboriser avec Rousseau dans les bois de Meudon :

« Rue Plâtrière. »

Ainsi Andrée était à cent pas de lui, moins loin qu’il n’y avait, à Taverney, de sa petite chambre à la grille du château.

Alors, il regagna sa porte, espérant que le bienheureux bout de ficelle qui soulevait le loquet intérieur ne serait point tiré en dedans.

Gilbert était dans son jour de chance. Il en passait quelques fils ; à l’aide de ces fils, il attira le tout à lui : la porte céda.

Le jeune homme trouva l’escalier à tâtons, monta marche à marche, sans faire de bruit, et finit par toucher des doigts le cadenas de sa chambre, auquel Rousseau, par complaisance, avait laissé la clef.

Au bout de dix minutes la fatigue l’avait emporté sur la préoccupation, et Gilbert s’endormait dans l’impatience du lendemain.