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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/202

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caisse bien vernie, des chevaux richement harnachés, un vaste cocher poudré stationnant devant sa porte. Il courut aussitôt dire à Thérèse :

— Le voici ! le voici !

Et à Gilbert :

— Vite, Gilbert, vite ! Le carrosse nous attend.

— Eh bien ! dit aigrement Thérèse, puisque vous aimez tant à rouler en voiture, pourquoi n’avez-vous pas travaillé pour en avoir une, comme M. de Voltaire ?

— Allons donc ! grommela Rousseau.

— Dame ! vous dites toujours que vous avez autant de talent que lui.

— Je ne dis pas cela, entendez-vous ? cria Rousseau fâché à la ménagère ; je dis… je ne dis rien !

Et toute sa joie s’envola comme cela arrivait chaque fois que ce nom ennemi retentissait à son oreille.

Heureusement, M. de Jussieu entra.

Il était pommadé, poudré, frais comme le printemps ; un admirable habit de gros satin des Indes à côtes, couleur gris de lin, une veste de taffetas lilas clair, des bas de soie blancs d’une finesse extrême et des boucles d’or poli composaient son accoutrement.

En entrant chez Rousseau, il emplit la chambre d’un parfum varié que Thérèse respira sans dissimuler son admiration.

— Que vous voilà beau ! dit Rousseau, en regardant obligeamment Thérèse et en comparant des yeux sa modeste toilette et son équipage volumineux de botaniste avec la toilette si élégante de M. de Jussieu.

— Mais non, j’ai peur de la chaleur, dit l’élégant botaniste.

— Et l’humidité des bois ! Vos bas de soie, si nous herborisons dans les marais…

— Oh ! que non ; nous choisirons nos endroits.

— Et les mousses aquatiques, nous les abandonnerons donc pour aujourd’hui ?