Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/205

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— Eh bien, alors, déjeunons… le village est à un quart de lieue.

— Non pas, s’il vous plaît.

— Comment, non pas ? Avez-vous donc à déjeuner dans votre voiture ?

— Voyez-vous là-bas, dans ce bouquet de bois ? fit M. de Jussieu en étendant la main vers le point de l’horizon qu’il voulait désigner.

Rousseau se hissa sur la pointe du pied, et mit sa main sur ses yeux en guise de visière.

— Je ne vois rien, dit-il.

— Comment, vous n’apercevez pas ce petit toit rustique ?

— Non.

— Avec une girouette et des murs de paille blanche et rouge ; une sorte de chalet ?

— Oui, je crois, oui, une petite maisonnette neuve.

— Un kiosque, c’est cela.

— Eh bien ?

— Eh bien ! nous trouverons là le modeste déjeuner que je vous ai promis.

— Soit, dit Rousseau. Avez-vous faim, Gilbert ?

Gilbert, qui était resté indifférent à ce débat, et coupait machinalement des fleurs de bruyère, répondit :

— Comme il vous sera agréable, monsieur.

— Allons-y donc, s’il vous plaît, fit M. de Jussieu ; d’ailleurs, rien ne nous empêche d’herboriser en route.

— Oh ! votre neveu, dit Rousseau, est plus ardent naturaliste que vous. J’ai herborisé avec lui dans le bois de Montmorency. Nous étions peu de monde. Il trouve bien, il cueille bien, il explique bien.

— Écoutez donc, il est jeune, lui : il a son nom à faire.

— N’a-t-il pas le vôtre qui est tout fait ? Ah ! confrère, confrère, vous herborisez en amateur.

— Allons, ne nous fâchons pas, mon philosophe ; tenez, voyez le beau Plantago nomanthos ; en avez-vous comme cela dans votre Montmorency ?