Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/213

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— Oui, demandez, monsieur Gilbert, ajouta la comtesse avec un sourire à l’adresse de l’élève abandonné.

Celui-ci releva sa tête pâle, écarta les cheveux que la sueur et les larmes avaient collés à son front, et, d’une voix assurée :

— Puisqu’on veut bien m’offrir un emploi, dit-il, je désire entrer comme aide-jardinier à Trianon.

Chon et la comtesse se regardèrent, et, de son pied mutin, Chon alla effleurer le pied de sa sœur avec un triomphant clin d’œil : la comtesse fit de la tête signe qu’elle comprenait parfaitement.

— Est-ce faisable, M. de Jussieu ? demanda la comtesse, je le désire.

— Puisque vous le désirez, madame, répondit celui-ci, c’est fait.

Gilbert s’inclina et mit une main sur son cœur, qui débordait de joie après avoir été noyé de tristesse.


LXXVII

L’APOLOGUE.


Dans ce petit cabinet de Luciennes où nous avons vu le vicomte Jean du Barry absorber, au grand déplaisir de la comtesse, une si grande quantité de chocolat, M. le maréchal de Richelieu faisait collation avec madame Dubarry, laquelle, tout en tirant les oreilles de Zamore, s’étendait de plus en plus longuement et nonchalamment sur un sofa de satin broché de fleurs, tandis que le vieux courtisan poussait des hélas ! d’admiration à chaque pose nouvelle de la séduisante créature.

— Oh ! comtesse, disait-il en minaudant comme une vieille femme, vous allez vous décoiffer ; comtesse, voilà un accroche-cœur qui se déroule. Ah ! votre mule tombe, comtesse.

— Bah ! mon cher duc, ne faites pas attention, dit-elle en