Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


LXXVIII

LE PIS ALLER DE SA MAJESTÉ LOUIS XV.


Le roi Louis XV n’était pas tellement débonnaire, que l’on pût causer tous les jours politique avec lui.

En effet, la politique l’ennuyait fort, et, dans ses mauvais jours, il s’en tirait avec cet argument, auquel il n’y avait rien à répondre :

— Bah ! la machine durera bien toujours autant que moi !

Lorsque la circonstance était favorable, on en profitait ; mais il était rare que le monarque ne reprît pas son avantage qu’un moment de bonne humeur lui avait fait perdre.

Madame Du Barry connaissait si bien son roi, que, comme les pêcheurs qui savent leur mer, elle ne s’embarquait jamais par le mauvais temps.

Or, ce moment où le roi la venait voir à Luciennes était un des meilleurs instants possible. — Le roi avait eu tort la veille, il savait d’avance qu’on l’allait gronder. — Il devait être de bonne prise ce jour-là.

Toutefois, si confiant que soit le gibier qu’on attend à l’affût, il y a toujours chez lui un certain instinct dont il faut savoir se défier. Mais cet instinct est mis en défaut quand le chasseur sait s’y prendre.

Voici comment s’y prit la comtesse à l’endroit du gibier royal qu’elle voulait amener dans ses panneaux.

Elle était, comme nous croyons l’avoir déjà dit, dans un déshabillé fort galant, comme Boucher en met à ses bergères.

Seulement elle n’avait pas de rouge, le rouge était l’antipathie du roi Louis XV.

Aussitôt qu’on eut annoncé Sa Majesté, la comtesse sauta sur