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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/23

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et, désignant la lucarne avec le peigne, elle parut demander à sa maîtresse si c’était bien là l’objet qu’elle désignait.

Cette télégraphie, que dévorait Gilbert et dont il jouissait éperdument, avait, sans qu’il s’en doutât, un troisième spectateur.

Gilbert, tout à coup, sentit une main brusque arracher de son front la robe de Thérèse et tomba foudroyé en apercevant Rousseau.

— Que diable faites-vous là, monsieur ? s’écria le philosophe avec un sourcil froncé et une grimace fâcheuse, et un examen scrutateur de la robe empruntée à sa femme.

Gilbert s’efforça de détourner l’attention de Rousseau de la lucarne.

— Rien ! monsieur, dit-il, absolument rien…

— Rien… alors, pourquoi vous cachiez-vous sous cette robe ?

—Le soleil me blessait.

—Nous sommes au couchant, et le soleil vous blesse au moment où il se lève ? Vous avez les yeux bien délicats, jeune homme !

Gilbert balbutia quelques mots, et, sentant qu’il s’enferrait, finit par cacher sa tête dans ses deux mains.

— Vous mentez et vous avez peur, dit Rousseau ; donc, vous faisiez mal.

Et à la suite de cette terrible logique, qui acheva de bouleverser Gilbert, Rousseau vint se camper carrément devant la fenêtre.

Par un sentiment trop naturel pour qu’il ait besoin d’être expliqué, Gilbert, qui tout à l’heure tremblait d’être vu à cette fenêtre, s’y élança dès que Rousseau y fut.

— Ah ! ah ! dit celui-ci d’un ton qui figea le sang dans les veines de Gilbert, le pavillon est habité maintenant.

Gilbert ne souffla point le mot.

— Et par des gens, continua le philosophe ombrageux, par des gens qui connaissent ma maison, car ils se la montrent.