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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/253

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La comtesse réfléchit.

— Car enfin, continua le duc, si le roi allait adopter les mœurs allemandes !

— S’il allait devenir vertueux ! s’exclama Jean saisi d’horreur.

— Qui sait, comtesse, dit Richelieu, la nouveauté est chose si attrayante !

— Oh ! quant à cela, répliqua la comtesse avec un certain signe d’incrédulité, je ne crois pas.

— On a vu des choses plus extraordinaires, madame, et le proverbe du diable se faisant ermite… Donc, il faudrait ne pas bouder. Il ne le faudrait pas.

— Mais j’étouffe de colère !

— Je le crois parbleu bien ! étouffez, comtesse, mais que le roi, c’est-à-dire M. de Choiseul, ne s’en aperçoive pas ; étouffez pour nous, respirez pour eux.

— Et j’irais à la chasse ?

— Ce serait fort habile !

— Et vous, duc ?

— Oh ! moi, dussé-je suivre la chasse à quatre pattes, je la suivrai.

— Dans ma voiture, alors ! s’écria la comtesse, pour voir la figure que ferait son allié.

— Comtesse, répliqua le duc avec une minauderie qui cachait son dépit, c’est un si grand bonheur…

— Que vous refusez, n’est-ce pas ?

— Moi ! Dieu m’en préserve !

— Faites-y attention, vous vous compromettrez !

— Je ne veux pas me compromettre.

— Il l’avoue ! il a le front de l’avouer ! s’écria madame du Barry.

— Comtesse ! comtesse ! M. de Choiseul ne me pardonnera jamais.

— Êtes-vous donc déjà si bien avec M. de Choiseul ?

— Comtesse, comtesse, je me brouillerai avec madame la dauphine.

— Aimez-vous mieux que nous fassions chacun la guerre de