Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/258

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— Cela tombe à merveille, duc, son second nom finit à votre guise.

— Comment s’appelle-t-il ?

— Joseph Balsamo.

— Enfin, n’auriez-vous aucun moyen de le retrouver ?

— J’y vais rêver, duc. Je crois que je sais quelqu’un qui le connaît.

— Bon ! Mais hâtez-vous, comtesse. Voici les trois quarts avant une heure.

— Je suis prête. Mon carrosse !

Dix minutes après, madame du Barry et M. le duc de Richelieu couraient côte à côte à la rencontre de la chasse.


LXXXII

LA CHASSE AU SORCIER.


Une longue file de carrosses encombrait les avenues de la forêt de Marly, où le roi chassait.

C’était ce que l’on appelait une chasse d’après-midi.

En effet, Louis XV, dans les derniers temps de sa vie, ne chassait plus ni à tir, ni à courre. Il se contentait de regarder chasser. Ceux de nos lecteurs qui ont lu Plutarque se rappelleront peut-être ce cuisinier de Marc-Antoine qui mettait d’heure en heure un sanglier à la broche, afin que parmi les cinq ou six sangliers qui rôtissaient, il s’en trouvât toujours un cuit à point pour le moment précis où Marc-Antoine se mettrait à table.

C’est que Marc-Antoine, dans son gouvernement de l’Asie Mineure, avait des affaires à foison : il rendait la justice, et, comme les Ciliciens sont de grands voleurs — le fait est constaté par Juvénal, Marc-Antoine était fort préoccupé. Il avait donc toujours cinq ou six rôtis étagés à la broche, pour le