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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/268

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— Mon histoire de la prédiction…

— C’est un fait. Et moi-même, dit le vieux maréchal en se frottant l’oreille…

— Eh bien, vous ?

— Moi-même, j’ai connu certain sorcier…

— Bah !

— Qui m’a rendu un jour un très-grand service.

— Quel service, duc ?

— Il m’a ressuscité.

— Ressuscité ! vous ?

— Certainement, j’étais mort, rien que cela.

— Contez-moi la chose, duc ?

— Cachons-nous, alors.

— Duc, vous êtes horriblement poltron.

— Mais non. Je suis prudent, voilà tout.

— Sommes-nous bien ici ?

— Je le crois.

— Eh bien, l’histoire, l’histoire.

— Voilà. ― J’étais à Vienne. ― C’était du temps de mon ambassade. ― Je reçus le soir, sous un réverbère, un grand coup d’épée tout au travers du corps. C’était une épée de mari, chose malsaine en diable. Je tombai. On me ramassa, j’étais mort.

— Comment, vous étiez mort ?

— Ma foi, oui, ou peu s’en faut. ― Passe un sorcier qui demande quel est cet homme que l’on porte en terre. ― On lui dit que c’est moi. ― Il fait arrêter le brancard, il me verse trois gouttes de je ne sais quoi sur la blessure, trois autres gouttes sur les lèvres : le sang s’arrête, la respiration revient, les yeux se rouvrent, et je suis guéri.

— C’est un miracle de Dieu, duc.

— Voilà justement ce qui m’effraie, c’est qu’au contraire je crois, moi, que c’est un miracle du diable.

— C’est juste, maréchal. Dieu n’aurait pas sauvé un garnement de votre espèce : à tout seigneur, tout honneur. Et vit-il, votre sorcier ?

— J’en doute, à moins qu’il n’ait trouvé l’or potable.