Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/267

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Et le prélat baisa galamment la main de madame du Barry.

— Mais vous-même, où vous retirez-vous, madame ? demanda-t-il.

— Ici, sous ces glandées.

— Le roi vous cherchera.

— Tant mieux.

— Il sera fort inquiet de ne pas vous voir.

— Et cela le tourmentera, c’est ce que je désire.

— Vous êtes adorable, comtesse.

— C’est justement ce que me dit le roi quand je l’ai tourmenté. Champagne, quand vous aurez conduit Son Éminence, vous reviendrez au galop.

— Oui, madame la comtesse.

— Adieu, duc, fit le cardinal.

— Au revoir, monseigneur, répondit le duc.

Et le valet ayant abaissé le marchepied, le duc mit pied à terre avec la comtesse, tandis que le carrosse voiturait rapidement Son Éminence vers le tertre où Sa Majesté Très Chrétienne cherchait, avec ses mauvais yeux, cette méchante comtesse que tout le monde avait vue, excepté lui.

Madame du Barry ne perdit pas de temps. Elle prit le bras du duc, et, l’entraînant dans le taillis :

— Savez-vous, dit-elle, que c’est Dieu qui nous l’a envoyé, ce cher cardinal !

— Pour se débarrasser un instant de lui, je comprends cela, répondit le duc.

— Non, pour nous mettre sur la trace de notre homme.

— Alors nous allons chez lui ?

— Je le crois bien. Seulement…

— Quoi, comtesse ?

— J’ai peur, je l’avoue.

— De qui ?

— Du sorcier, donc. Oh ! je suis fort crédule, moi.

— Diable !

— Et vous, croyez-vous aux sorciers ?

— Dame ! je ne dis pas non, comtesse.