— Parfaitement, madame la comtesse.
Richelieu restait en arrière.
— Veuillez vous asseoir, madame, et vous aussi, monsieur.
— Monsieur est mon intendant, dit la comtesse.
—Vous faites erreur, Madame, répliqua Balsamo en s’inclinant, monsieur est M. le duc de Richelieu, que je reconnais à merveille, et qui serait bien ingrat s’il ne me reconnaissait pas.
— Comment cela ? demanda le duc tout déferré, comme dirait Tallemant des Réaux.
— Monsieur le duc, on doit un peu de reconnaissance à ceux qui nous ont sauvé la vie, je pense.
— Ah ! ah ! duc, dit la comtesse en riant ; entendez-vous, duc ?
— Eh ! vous m’avez sauvé la vie, à moi, monsieur le comte ? fit Richelieu étonné.
— Oui, monseigneur, à Vienne, en 1725, lors de votre ambassade.
— En 1725 ! mais vous n’étiez pas né, mon cher Monsieur.
Balsamo sourit.
— Il me semble que si, monsieur le duc, dit-il, puisque je vous ai rencontré mourant, ou plutôt mort sur une litière ; vous veniez de recevoir un coup d’épée au beau travers de la poitrine, à telles enseignes que je vous ai versé sur la plaie trois gouttes de mon élixir… Là, tenez, à l’endroit où vous chiffonnez votre point d’Alençon, un peu riche pour un intendant.
— Mais, interrompit le maréchal, vous avez trente, à trente-cinq ans à peine, monsieur le comte.
— Allons donc, duc ! s’écria la comtesse en riant aux éclats ; vous voilà devant le sorcier. Y croyez-vous ?
— Je suis stupéfait, comtesse. Mais alors, continua le duc s’adressant de nouveau à Balsamo… Mais alors, vous vous appelez…
— Oh ! nous autres sorciers, monsieur le duc, vous le savez,