d’avoir un sorcier que l’on peut appeler monsieur le comte : cela ne vous change pas de vos habitudes.
Balsamo sourit.
— Voyons, reprit-il, soyez franc.
— Sur l’honneur, je ne demande pas mieux, dit le duc.
— Vous aviez quelque consultation à me demander ?
— C’est vrai.
— Ah ! sournois, dit la comtesse ; il ne m’en parlait pas.
— Je ne pouvais dire cela qu’à M. le comte, et dans le creux le plus secret de l’oreille encore, répondit le maréchal.
— Pourquoi, duc ?
— Parce que vous eussiez rougi, comtesse, jusqu’au blanc des yeux.
— Ah ! par curiosité, dites, maréchal ; j’ai du rouge, on n’en verra rien.
— Eh bien, dit Richelieu, voici ce à quoi j’ai pensé. Prenez garde, comtesse, je jette mon bonnet par-dessus les moulins.
— Jetez, duc, je vous le renverrai.
— Oh ! c’est que vous m’allez battre tout à l’heure, si je dis ce que je veux dire.
— Vous n’êtes pas accoutumé à être battu, monsieur le duc, dit Balsamo au vieux maréchal enchanté du compliment.
— Eh bien, donc, reprit-il, voici : n’en déplaise à madame, Sa Majesté… comment vais-je dire cela ?
— Qu’il est mortel de lenteurs ! s’écria la comtesse.
— Vous le voulez donc ?
— Oui.
— Absolument ?
— Mais oui, cent fois oui.
— Alors, je me risque. C’est une chose triste à dire, monsieur le comte, mais Sa Majesté n’est plus amusable. Le mot n’est pas de moi, comtesse, il est de madame de Maintenon.
— Il n’y a rien là qui me blesse, duc, dit madame du Barry.
— Tant mieux mille fois, alors je serai à mon aise. Eh bien, il faudrait que M. le comte, qui trouve de si précieux élixirs…