Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/282

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soit partie pour autre chose que pour exalter les chauds et échauffer les timides ?

— Certainement qu’elle n’est point partie pour autre chose, s’écria la comtesse.

— Oui ; mais le roi ne voit dans ce départ qu’un simple exil.

— C’est vrai.

— Comment lui prouver qu’il y a dans ce départ autre chose que ce qu’on veut y laisser voir ?

— En accusant madame de Grammont.

— Ah ! s’il ne s’agissait que d’accuser, comte !… dit le maréchal.

— Il s’agit malheureusement de prouver l’accusation, dit la comtesse.

— Et si cette accusation était prouvée, bien prouvée, croyez-vous que M. de Choiseul resterait ministre ?

— Assurément non ! s’écria la comtesse.

— Il ne s’agit donc que de prouver une trahison de M. de Choiseul, poursuivit Balsamo avec assurance, et de la faire surgir claire, précise et palpable aux yeux de Sa Majesté.

Le maréchal se renversa dans son fauteuil en riant aux éclats.

— Il est charmant ! s’écria-t-il ; il ne doute de rien ! Trouver M. de Choiseul en flagrant délit de trahison !… voilà tout !… pas davantage !

Balsamo demeura impassible et attendit que l’accès d’hilarité du maréchal fût bien passé.

— Voyons, dit alors Balsamo, parlons sérieusement et récapitulons.

— Soit.

— M. de Choiseul n’est-il pas soupçonné de soutenir la rébellion du parlement ?

— C’est convenu, mais la preuve ?

— M. de Choiseul ne passe-t-il pas, continua Balsamo, pour ménager une guerre avec l’Angleterre, afin de se conserver un rôle d’homme indispensable ?

— On le croit ; mais la preuve ?…

— Enfin, M. de Choiseul n’est-il pas l’ennemi déclaré de madame