Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/283

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la comtesse que voici, et ne cherche-t-il pas par tous les moyens possibles à la renverser du trône que je lui ai promis ?

— Ah ! pour cela c’est bien vrai, dit la comtesse ; mais encore faudrait-il le prouver… Oh ! si je le pouvais !

— Que faut-il pour cela ? Une misère.

Le maréchal se mit à souffler sur ses ongles.

— Oui, une misère, dit-il ironiquement.

— Une lettre confidentielle, par exemple, dit Balsamo.

— Voilà tout… peu de chose.

— Une lettre de madame de Grammont, n’est-ce pas, monsieur le maréchal ? continua le comte.

— Sorcier, mon bon sorcier, trouvez-en donc une ! s’écria madame du Barry. Voilà cinq ans que j’y tâche, moi ; j’y ai dépensé cent mille livres par an, et je ne l’ai jamais pu.

— Parce que vous ne vous êtes pas adressée à moi, madame, dit Balsamo.

— Comment cela ? fit la comtesse.

— Sans doute, si vous vous fussiez adressée à moi…

— Eh bien ?

— Je vous eusse tirée d’embarras.

— Vous ?

— Oui, moi.

— Comte, est-il trop tard ?

Le comte sourit.

— Jamais.

— Oh ! mon cher comte…, dit madame du Barry en joignant les mains.

— Donc, vous voulez une lettre ?

— Oui.

— De madame de Grammont ?

— Si c’est possible.

— Qui compromette M. de Choiseul sur les trois points que j’ai dit…

— C’est-à-dire que je donnerais… un de mes yeux pour l’avoir.