Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/286

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— Par une voix ! s’écrièrent ensemble le duc et la comtesse, une voix qui vous dit tout ?

— Tout ce que je désire savoir, oui.

— C’est une voix qui vous a dit ce que madame de Grammont avait écrit à son frère ?

— Je vous affirme, madame, que c’est une voix qui me l’a dit.

— C’est miraculeux !

— Mais, vous n’y croyez pas ?

— Eh bien, non, comte, dit le duc ; comment voulez-vous donc que l’on croie à de pareilles choses ?

— Mais y croiriez-vous, si je vous disais ce que fait à cette heure le courrier qui porte la lettre de M. de Choiseul ?

— Dame ! répliqua la comtesse.

— Moi, s’écria le duc, j’y croirais si j’entendais la voix… Mais MM. les nécromanciens ou les magiciens ont ce privilège que seuls ils voient et entendent le surnaturel.

Balsamo attacha les yeux sur M. de Richelieu avec une expression singulière, qui fit passer un frisson dans les veines de la comtesse et détermina chez le sceptique égoïste qu’on appelait le duc de Richelieu, un léger froid à la nuque et au cœur.

— Oui, dit-il après un long silence, seul je vois et j’entends les objets et les êtres surnaturels ; mais, quand je me trouve avec des gens de votre rang, de votre esprit, duc, et de votre beauté, comtesse, j’ouvre mes trésors et je partage… Vous plairait-il beaucoup d’entendre la voix mystérieuse qui m’avertit ?

— Oui, dit le duc serrant les poings pour ne pas trembler.

— Oui, balbutia la comtesse en tremblant.

— Eh bien, monsieur le duc, eh bien, madame la comtesse, vous allez entendre. Quelle langue voulez-vous qu’elle parle ?

— Le français, s’il vous plaît, dit la comtesse… Je n’en sais pas d’autres, et une autre me ferait trop peur.

— Et vous, monsieur le duc ?

— Comme madame… le français. Je tiens à répéter ce qu’aura