Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/285

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Balsamo secoua doucement la tête.

— Oh ! monsieur, dit-il, ce moyen est bon pour ceux qui décachettent les lettres afin de connaître des secrets… et non pour ceux qui, comme moi, lisent à travers les enveloppes… Fi donc !… Quel intérêt d’ailleurs aurais-je, moi, à perdre M. de Choiseul et madame de Grammont ? Vous venez me consulter… en amis, je suppose ; je vous réponds de même. Vous désirez que je vous rende un service, je vous le rends. Vous ne venez pas, j’imagine, me proposer le prix de ma consultation comme aux devineurs du quai de la Ferraille ?

— Oh ! comte, fit madame du Barry.

— Eh bien ! je vous donne un conseil et vous ne me paraissez pas le comprendre. Vous m’annoncez le désir de renverser M. de Choiseul, et vous en cherchez les moyens ; je vous en cite un, vous l’approuvez, je vous le mets en main, vous n’y croyez-pas !

— C’est que… c’est que… comte, écoutez donc…

— La lettre existe, vous dis-je, puisque j’en ai la copie.

— Mais enfin, qui vous a averti, monsieur le comte ? s’écria Richelieu.

— Ah ! voilà le grand mot… qui m’a averti ? En une minute, vous voulez en savoir aussi long que moi, le travailleur, le savant, l’adepte, qui ai vécu trois mille sept cents années.

— Oh ! oh ! dit Richelieu avec découragement, vous allez me gâter la bonne opinion que j’avais de vous, comte.

— Je ne vous prie pas de me croire, monsieur le duc, et ce n’est pas moi qui ai été vous chercher à la chasse du roi.

— Duc, il a raison, dit la comtesse. Monsieur de Balsamo, je vous en supplie, pas d’impatience.

— Jamais celui qui a le temps ne s’impatiente, madame.

— Soyez assez bon… joignez cette faveur à toutes celles que vous m’avez faites, pour me dire comment vous avez la révélation de pareils secrets ?

— Je n’hésiterai pas, madame, dit Balsamo aussi lentement que s’il cherchait mot à mot sa réponse ; cette révélation m’est faite par une voix.