Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/288

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— Mais il me semble qu’on n’évoque que le diable.

— Tout ce qui est esprit supérieur, être surnaturel, peut s’évoquer.

— Et l’esprit supérieur, l’être surnaturel… ?

Balsamo étendit la main vers la tapisserie qui fermait la porte de la chambre voisine.

— Est en communication directe avec moi, monseigneur.

— J’ai peur, dit la comtesse, et vous, duc ?

— Ma foi, comtesse, je vous avoue que j’aimerais presque autant être à Mahon ou à Philipsbourg.

— Madame la comtesse, et vous, monsieur le duc, veuillez écouter, puisque vous voulez entendre, dit sévèrement Balsamo.

Et il se tourna vers la porte.


LXXXV

LA VOIX.


Il y eut un moment de silence solennel. Puis Balsamo demanda en français :

— Êtes-vous là ?

— J’y suis, répondit une voix pure et argentine qui, perçant les tentures et les portières, retentit aux oreilles des assistants plutôt comme un timbre métallique que comme les accents d’une voix humaine.

— Peste ! voilà qui devient intéressant, dit le duc ; et tout cela sans flambeaux, sans magie, sans flammes du Bengale.

— C’est effrayant ! murmura la comtesse.

— Faites bien attention à mes interrogations, continua Balsamo.

— J’écoute de tout mon être.

— Dites-moi d’abord combien de personnes sont avec moi en ce moment ?