— Deux.
— De quel sexe ?
— Un homme et une femme.
— Lisez dans ma pensée le nom de l’homme.
— M. le duc de Richelieu.
— Et celui de la femme ?
— Madame la comtesse du Barry.
— Ah ! ah ! murmura le duc, c’est assez fort ceci.
— C’est-à-dire, murmura la comtesse tremblante, c’est-à-dire que je n’ai rien vu de pareil.
— Bien, fit Balsamo ; maintenant, lisez la première phrase de la lettre que je tiens.
La voix obéit.
La comtesse et le duc se regardaient avec un étonnement qui commençait à toucher à l’admiration.
— Cette lettre que j’ai écrite sous votre dictée, qu’est-elle devenue ?
— Elle court.
— De quel côté ?
— Du côté de l’occident.
— Est-elle loin ?
— Oh ! oui, bien loin, bien loin.
— Qui la porte ?
— Un homme vêtu d’une veste verte, coiffé d’un bonnet de peau, chaussé de grandes bottes.
— Est-il à pied ou à cheval ?
— Il est à cheval.
— Quel cheval monte-t-il ?
— Un cheval pie.
— Où le voyez-vous ?
Il y eut un moment de silence.
— Regardez, dit impérieusement Balsamo.
— Sur une grande route plantée d’arbres.
— Mais sur quelle route ?
— Je ne sais, toutes les routes se ressemblent.
— Quoi ! rien ne vous indique quelle est cette route, pas un poteau, pas une inscription, rien ?