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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/35

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autour d’une petite plaque de cuivre, destinée sans doute à lui donner du poids, tira le cordon d’une sonnette, poussa un bouton au-dessous duquel s’ouvrit une gueule, laissa glisser le billet dans l’ouverture, qui se referma après l’avoir englouti.

C’était la manière dont le comte, lorsqu’il était enfermé dans les chambres intérieures, correspondait avec Fritz. Puis, revenant à Lorenza :

— Merci, répéta-t-il.

— Tu es donc content de moi ? demanda la jeune femme.

— Oui, chère Lorenza.

— Eh bien, ma récompense alors !

Balsamo sourit, et approcha ses lèvres de celles de Lorenza dont tout le corps frissonna au voluptueux contact.

— Oh ! Joseph ! Joseph ! murmura-t-elle avec un soupir presque douloureux, Joseph ! que je t’aime !


LVI

LA DOUBLE EXISTENCE — LE SOMMEIL.


Balsamo se recula vivement, les deux bras de Lorenza ne saisirent que l’air et retombèrent en croix sur sa poitrine.

— Lorenza, dit Balsamo, veux-tu causer avec ton ami ?

— Oh ! oui, dit-elle ; mais parle-moi toi-même souvent… j’aime tant ta voix !

— Lorenza, tu m’as dit souvent que tu serais bien heureuse si tu pouvais vivre avec moi, séparée du monde entier.

— Oui, ce serait le bonheur.

— Eh bien, j’ai réalisé ton vœu, Lorenza. Dans cette chambre, nul ne peut nous poursuivre, nul ne peut nous atteindre ; nous sommes seuls, bien seuls.

— Ah ! tant mieux.