Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/49

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— Enfermée ! enfermée ! criait Lorenza, sans écouter Balsamo.

— Patience.

— Frappée !

— C’est un temps d’épreuve.

— Folle ! Folle !

— Vous guérirez.

— Oh ! jetez-moi tout de suite dans un hôpital de fous ! Enfermez-moi tout à fait dans une vraie prison !

— Non pas ! vous m’avez trop bien prévenu de ce que vous feriez contre moi.

— Eh bien ! hurla Lorenza, la mort alors ! la mort tout de suite !

Et, se relevant avec la souplesse et la rapidité d’une bête fauve, elle s’élança pour se briser la tête contre la muraille.

Mais Balsamo n’eut qu’à étendre la main vers elle et à prononcer du fond de sa volonté, bien plus encore que des lèvres, un seul mot pour l’arrêter en route : Lorenza, lancée, s’arrêta tout à coup, chancela et tomba endormie dans les bras de Balsamo.

L’étrange enchanteur, qui semblait s’être soumis tout le côté matériel de cette femme, mais qui luttait en vain contre le côté moral, souleva Lorenza entre ses bras et la porta sur son lit ; alors, il déposa sur ses lèvres un long baiser, tira les rideaux de son lit, puis ceux des fenêtres, et sortit.

Quant à Lorenza, un sommeil doux et bienfaisant l’enveloppa comme le manteau d’une bonne mère enveloppe l’enfant volontaire qui a beaucoup souffert, beaucoup pleuré.