Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À propos, j’oubliais de te demander à quelle mort tu crois le mieux.

— Je ne sais ce que vous voulez dire, maître ; la mort est la mort.

— C’est juste, très juste, ce que tu viens de me dire là, et c’est mon avis, à moi aussi. Eh bien ! puisque la mort est la mort, fais le vide, Acharat.

Balsamo tourna une roue qui dégagea par un tuyau l’air enfermé sous la cloche avec le chien, et peu à peu l’air s’enfuit avec un sifflement aigu. Le petit chien s’inquiéta d’abord, puis il chercha, fouilla, leva la tête, respira bruyamment et précipitamment, et enfin il tomba suffoqué, gonflé, inanimé.

— Voilà le chien mort d’apoplexie, n’est-ce pas ? dit Althotas. Une belle mort qui ne fait pas souffrir longtemps !

— Oui.

— Il est bien mort ?

— Sans doute.

— Tu ne me parais pas bien convaincu, Acharat ?

— Si fait, au contraire.

— Oh ! c’est que tu connais mes ressources, n’est-ce pas ? Tu supposes que j’ai trouvé l’insufflation nécessaire, hein ? cet autre problème qui consiste à faire circuler la vie avec l’air dans un corps intact, comme on peut le faire dans une outre qui n’est pas percée ?

— Non, je ne suppose rien ; je crois que le chien est mort, voilà tout.

— N’importe, pour la plus grande sécurité, nous allons le tuer deux fois. Lève la cloche, Acharat.

Acharat enleva l’appareil de cristal, le chien ne bougea point ; ses paupières étaient closes, son cœur ne battait plus.

— Prends ce scalpel, et, tout en laissant le larynx intact, tranche-lui la colonne vertébrale.

— C’est uniquement pour vous obéir.

— Et aussi pour achever le pauvre animal, au cas où il ne serait pas tout à fait mort, répondit Althotas avec ce sourire d’opiniâtreté particulier aux vieillards.

Balsamo donna un seul coup de lame tranchante. L’incision