Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Rousseau la regarda d’un air effaré, ce qui fut un indice de plus pour elle.

— Quelqu’un que vous cherchez à revoir, continua-t-elle.

— Plaît-il ? dit Rousseau.

— Nous avons des rendez-vous, à ce qu’il paraît ?

— Oh ! fit Rousseau, qui comprit qu’on lui parlait de jalousie, des rendez-vous ! Vous êtes folle, Thérèse !

— Je sais bien que ce serait une folie, dit-elle ; mais vous êtes capable de toutes ; allez, allez, avec votre teint de papier mâché, avec vos palpitations de cœur, avec votre petite toux sèche, allez faire des conquêtes : c’est un bon moyen de vous avancer.

— Mais, Thérèse, vous savez bien qu’il n’en est rien, dit Rousseau avec humeur ; laissez-moi donc rêver tranquillement.

— Vous êtes un libertin, dit Thérèse avec le plus grand sérieux du monde.

Rousseau rougit comme si on venait de lui dire une vérité ou de lui faire un compliment.

Alors, Thérèse se crut en droit de montrer un visage terrible, de bouleverser le ménage, de faire claquer les portes, et de jouer avec la tranquillité de Rousseau, comme les enfants avec ces anneaux de métal qu’ils enferment dans des boîtes et qu’ils secouent à grand bruit.

Rousseau se réfugia dans son cabinet. Ce tumulte avait un peu affaibli ses idées.

Il songea qu’il y aurait sans doute un danger à ne pas assister à la cérémonie mystérieuse dont l’étranger lui avait parlé au coin du quai.

— S’il y a des peines contre les révélateurs, il doit y en avoir contre les tièdes ou contre les négligents, pensa-t-il. Or, j’ai toujours remarqué que les gros dangers ne sont rien, pas plus que les grosses menaces ; les cas d’application de peines ou d’exécution en pareille circonstance sont extrêmement rares ; mais, pour les petites vengeances, les coups sournois, les mystifications et autre menue monnaie, il y faut prendre garde. Quelque jour les frères maçons se paieraient de mon