Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/192

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M. de Coigny, se voyant ainsi congédié, prit son parti, et, après bon nombre de remerciements, d’indications plus ou moins précises et de retours pour faire agréer ses services, il descendit l’escalier noir, reconduit sur le palier par Rousseau, et au milieu de l’étage par Thérèse.

M. de Coigny gagna sa voiture qui l’attendait dans la rue, et s’en retourna à Versailles, souriant tout bas.

Thérèse rentra, ferma la porte avec une humeur pleine de tempêtes, et qui fit présager de l’orage à Rousseau.


CIX

LA TOILETTE DE ROUSSEAU.


Lorsque M. de Coigny fut parti, Rousseau, dont cette visite avait changé les idées, s’assit avec un grand soupir dans un petit fauteuil et dit d’un ton endormi :

— Ah ! quel ennui ! Que les gens me fatiguent avec leurs persécutions !

Thérèse, qui rentrait, prit ces paroles au vol, et venant se placer en face de Rousseau :

— Êtes-vous orgueilleux ! lui dit-elle,

— Moi ? fit Rousseau surpris.

— Oui, vous êtes un vaniteux, un hypocrite !

— Moi ?

— Vous… Vous êtes enchanté d’aller à la cour, et vous cachez votre joie sous une fausse indifférence.

— Ah ! mon Dieu ! répliqua, en haussant les épaules, Rousseau humilié d’être si bien deviné.

— N’allez-vous pas me faire accroire que ce n’est pas un grand honneur pour vous de faire entendre au roi les airs que vous grattez ici comme un fainéant sur votre épinette ?

Rousseau regarda sa femme avec un œil irrité.