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galerie, laissant Taverney, avec son écrin, pareil à un enfant saxon qui se réveille avec les jouets que Noël lui a mis dans la main pendant qu’il dormait.


CXIII

LE PETIT SOUPER DU ROI LOUIS XV.


Le maréchal trouva Sa Majesté dans le petit salon où quelques courtisans l’avaient suivi, aimant mieux se passer de souper que de laisser tomber sur d’autres que sur eux le regard distrait de leur souverain.

Mais Louis XV paraissait avoir autre chose à faire ce soir-là que de regarder ces messieurs. Il congédia tout le monde en annonçant qu’il ne souperait pas, ou que, s’il soupait, ce serait seul. Alors tous ses hôtes ayant reçu congé de lui, et craignant de déplaire à Monseigneur le dauphin s’ils n’assistaient pas à la fête qu’il donnait à la suite de la répétition, s’envolèrent aussitôt comme une nuée de pigeons parasites, et prirent leur course vers celui qu’on leur permettait de voir, prêts à affirmer qu’ils désertaient pour lui le salon de Sa Majesté.

Louis XV, qu’ils quittaient avec tant de rapidité, était loin de songer à eux. La petitesse de toute cette tourbe de courtisans l’eût fait sourire dans une autre circonstance, mais, cette fois, elle n’éveilla aucun sentiment chez le monarque, si railleur, qu’il n’épargnait aucune infirmité ni dans l’esprit ni dans le corps de son meilleur ami, en supposant que Louis XV eût jamais eu un ami.

Non, en ce moment, Louis XV donnait toute son attention à un carrosse qui stationnait devant la porte des communs de Trianon, et dont le cocher semblait attendre, pour fouetter ses chevaux, que le poids du maître se fît sentir dans la caisse dorée.

Ce carrosse était celui de madame Dubarry, éclairé par des