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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/233

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— Ma sœur, dit Philippe, j’ai reçu ce matin l’ordre de rejoindre mon régiment.

— Et vous partez ?

— Et je pars.

— Oh ! fit Andrée, qui exhala dans ce cri douloureux tout son courage et une partie de ses forces.

Et, quoique ce fût une chose bien naturelle et à laquelle elle dût s’attendre que ce départ, elle se sentit tellement brisée en l’apprenant, qu’elle fut forcée de se retenir au bras de son frère.

— Mon Dieu ! demanda Philippe étonné, ce départ vous afflige-t-il donc à ce point, Andrée ? Dans la vie d’un soldat, vous le savez, c’est un événement des plus vulgaires.

— Oui, oui, sans doute, murmura la jeune fille ; et où allez-vous, mon frère ?

— Ma garnison est à Reims ; ce n’est pas un voyage bien long que j’entreprends, comme vous voyez. Il est vrai que de là, le régiment, selon toute probabilité, retourne à Strasbourg.

— Hélas ! fit Andrée ; et quand partez-vous ?

— L’ordre m’enjoint de me mettre en route à l’instant même.

— Ce sont donc des adieux que vous venez me faire ?

— Oui, ma sœur.

— Des adieux !

— Avez-vous quelque chose de particulier à me dire, Andrée ? demanda Philippe inquiet de cette tristesse, trop exagérée pour qu’elle n’eût point quelque autre cause que ce départ.

Andrée comprit que ces mots étaient à l’adresse de Nicole, laquelle regardait cette scène avec une surprise que motivait l’extrême douleur d’Andrée.

En effet, le départ de Philippe, c’est-à-dire d’un officier pour sa garnison, n’était pas une catastrophe qui dût causer tant de larmes.

Andrée comprit donc du même coup et le sentiment de Philippe et la surprise de Nicole ; elle prit un mantelet qu’elle jeta sur ses épaules, et, dirigeant son frère vers l’escalier :

— Venez, dit-elle, jusqu’à la grille du parc, Philippe, je