Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Taverney, prends garde à la troisième !… Au revoir, Andrée !

Et il s’éloigna, bondissant à travers les massifs, comme un jeune loup blessé, qui se retourne en montrant ses dents aiguës et sa prunelle sanglante.


CXVI

LE PÈRE ET LA FILLE.


Au bout de l’allée, Andrée aperçut en effet le maréchal et son père qui se promenaient devant le vestibule en l’attendant.

Les deux amis semblaient être les plus joyeux du monde ; ils se tenaient par le bras : on n’avait pas encore vu à la cour Oreste et Pylade aussi exactement représentés.

À la vue d’Andrée, les deux vieillards se réjouirent encore plus et se firent remarquer, l’un à l’autre, sa radieuse beauté, augmentée encore par la colère et par la rapidité de sa marche.

Le maréchal salua Andrée, comme il eût fait à madame de Pompadour déclarée. Cette nuance n’échappa point à Taverney, qui en fut enchanté ; mais elle surprit Andrée par ce mélange de respect et de galanterie libre ; car l’habile courtisan savait mettre autant de détails dans un salut que Covielle savait mettre de phrases françaises dans un seul mot turc.

Andrée rendit une révérence qui fut aussi cérémonieuse pour son père que pour le maréchal ; puis elle les invita tous deux, avec une grâce charmante, à monter dans sa chambre.

Le maréchal admira cette élégante propreté, seul luxe de l’ameublement et de l’architecture de ce réduit. Avec des fleurs, avec un peu de mousseline blanche, Andrée avait fait de sa triste chambre non pas un palais, mais un temple.

Il s’assit sur un fauteuil de perse verte, à grandes fleurs, au-dessous d’un grand cornet de la Chine, d’où tombaient des