Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/249

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moi, et que je suis bien indigne de l’attention d’un si puissant monarque.

Richelieu parut enthousiasmé de cette réponse, que la jeune fille prononça d’une voix ferme et sans aucune hésitation.

Il lui prit la main, qu’il baisa respectueusement, et la couvant des yeux :

— Une main royale, dit-il, un pied de fée… l’esprit, la volonté, la candeur… Ah ! baron, quel trésor !… Ce n’est pas une fille que vous avez là, c’est une reine…

Et sur ce mot il prit congé, laissant Taverney près d’Andrée, Taverney qui se gonflait insensiblement d’orgueil et d’espoir.

Quiconque l’eût vu, ce philosophe des anciennes théories, ce sceptique, ce dédaigneux, aspirer à longs traits l’air de la faveur dans son bourbier le moins respirable, se fût dit que Dieu avait pétri du même limon l’esprit et le cœur de M. de Taverney.

Taverney seul eût pu répondre à propos de ce changement :

— Ce n’est pas moi qui ai changé, c’est le temps.

Donc, il resta près d’Andrée, assis, un peu embarrassé, car la jeune fille, avec son inépuisable sérénité, le perçait de deux regards profonds comme la mer en son plus profond abîme.

— M. de Richelieu n’a-t-il pas dit, monsieur, que Sa Majesté vous avait confié un témoignage de sa satisfaction ? Quel est-il, je vous prie ?

— Ah ! fit Taverney, elle est intéressée… Tiens, je ne l’eusse pas cru. Tant mieux, Satan, tant mieux !

Il tira lentement de sa poche l’écrin donné la veille par le maréchal, à peu près comme les bons papas tirent un sac de bonbons ou un jouet, que les yeux de l’enfant arrachent de leur poche avant que les mains aient agi.

— Voici, dit-il.

— Ah ! des bijoux… fit Andrée.

— Sont-ils de votre goût ?

C’était une garniture de perles d’un grand prix. Douze gros