Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/257

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Balsamo, et il n’a pas dépendu de moi que cette vie, que vous avez attristée ainsi, ne fît envie à une reine.

— Soit. Aussi vous voyez que c’est moi qui reviens à vous.

— Merci, Lorenza.

— Vous êtes bon chrétien, m’avez-vous dit quelquefois, quoique…

— Quoique vous me croyiez une âme perdue, voulez-vous dire ? J’achève votre pensée, Lorenza.

— Ne vous arrêtez qu’à ce que je dirai, monsieur, et ne supposez rien, je vous prie.

— Continuez donc.

— Eh bien, au lieu de me laisser m’abîmer dans ces colères et dans ces désespoirs, accordez-moi, puisque je ne vous suis utile à rien…

Elle s’arrêta pour regarder Balsamo, mais déjà il avait repris son empire sur lui-même, et elle ne rencontra qu’un regard froid et un sourcil froncé.

Elle s’anima sous cet œil presque menaçant.

— Accordez-moi, continua-t-elle, non pas la liberté, je sais qu’un décret de Dieu ou plutôt votre volonté, qui me paraît toute-puissante, me condamne à la captivité durant ma vie ; accordez-moi de voir des visages humains, d’entendre le son d’une autre voix que votre voix ; accordez-moi enfin de sortir, de marcher, de faire acte d’existence.

— J’avais prévu ce désir, Lorenza, dit Balsamo en lui prenant la main, et depuis longtemps, vous le savez, ce désir est le mien.

— Alors !… s’écria Lorenza.

— Mais, reprit Balsamo, vous m’avez prévenu vous-même ; comme un insensé que j’étais, et tout homme qui aime est insensé, je vous ai laissé pénétrer une partie de mes secrets en science et en politique. Vous savez qu’Althotas a trouvé la pierre philosophale et cherche l’élixir de vie : voilà pour la science. Vous savez que moi et mes amis conspirons contre les monarchies de ce monde : voilà pour la politique. L’un des deux secrets peut me faire brûler comme sorcier, l’autre