Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/256

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vous asseoir, bien que je n’aie pas un long discours à vous faire ; mais, enfin, je vous parlerai mieux, il me semble, si vous êtes assis.

— Aujourd’hui, comme toujours, ma Lorenza bien-aimée, dit Balsamo, je ferai selon tes souhaits.

Et il s’assit dans un fauteuil auprès de Lorenza, assise elle-même sur un sofa.

— Monsieur, dit-elle en attachant sur Balsamo des yeux d’une expression angélique, je vous ai appelé pour vous demander une grâce.

— Oh ! ma Lorenza, s’écria Balsamo de plus en plus charmé, tout ce que tu voudras, dis, tout !

— Une seule chose ; mais, je vous en préviens, cette chose je la désire ardemment.

— Parlez, Lorenza, parlez ; dût-il m’en coûter toute ma fortune, dût-il m’en coûter la moitié de la vie.

— Il ne vous en coûtera rien, monsieur, qu’une minute de votre temps, répondit la jeune femme.

Balsamo, enchanté de la tournure calme que prenait la conversation, se faisait déjà à lui-même, grâce à son active imagination, un programme des désirs que pouvait avoir formés Lorenza, et surtout de ceux qu’il pourrait satisfaire.

— Elle va, se disait-il, me demander quelque servante ou quelque compagne. Eh bien, ce sacrifice immense, puisqu’il compromet mon secret et mes amis, ce sacrifice je le ferai, car la pauvre enfant est bien malheureuse dans cet isolement… Parlez vite, ma Lorenza, dit-il tout haut avec un sourire plein d’amour.

— Monsieur, dit-elle, vous savez que je meurs de tristesse et d’ennui.

Balsamo inclina la tête avec un soupir en signe d’assentiment.

— Ma jeunesse, continua Lorenza, se consume ; mes jours sont un long sanglot, mes nuits une perpétuelle terreur. Je vieillis dans la solitude et dans l’angoisse.

— Cette vie est celle que vous vous faites, Lorenza, dit