Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/271

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— Madame de Nouilles ! grand Dieu !

— Oui, tu vois que la chose devient pressante.

Nicole frappa ses deux mains l’une contre l’autre avec désespoir.

— C’est malheureux, je le sais bien, dit Richelieu ; mais que diable veux-tu y faire ?

— Et vous, qui vous disiez tout à l’heure mon protecteur, vous qui m’avez prouvé que vous l’étiez, vous ne pouvez plus me protéger ? demanda Nicole avec la ruse câline qu’y eût mise une femme de trente ans.

— Si, pardieu ! je le puis.

— Eh bien, monseigneur ?…

— Oui, mais je ne le veux pas.

— Oh ! monsieur le duc !

— Oui, tu es gentille, je sais cela ; et tes beaux yeux me disent toutes sortes de choses ; mais je deviens tant soit peu aveugle, ma pauvre Nicole, et je ne comprends plus le langage des beaux yeux. Jadis, je t’eusse proposé de te donner asile au pavillon de Hanovre, mais aujourd’hui, à quoi bon ? on n’en jaserait même plus.

— Vous m’y avez cependant déjà emmenée au pavillon de Hanovre, dit Nicole avec dépit.

— Ah ! que tu as mauvaise grâce, Nicole, de me reprocher de t’avoir emmenée à mon hôtel, quand j’ai fait cela pour te rendre service ; car, enfin, avoue que sans l’eau de M. Rafté, qui a fait de toi une charmante brune, tu n’entrais pas à Trianon, ce qui au reste valait mieux, peut-être, que d’en être chassée ; mais aussi pourquoi diable donner comme cela des rendez-vous à M. de Beausire, et à la grille des écuries encore !

— Ainsi, vous savez même cela, dit Nicole, qui vit bien qu’il fallait changer de tactique et se mettre à la discrétion entière du maréchal.

— Parbleu ! tu vois bien que je le sais, et madame de Noailles aussi. Tiens, ce soir encore, tu avais rendez-vous…

— C’est vrai, monsieur le duc ; mais, foi de Nicole, je n’irai pas.

— Sans doute, tu es prévenue ; mais M. de Beausire ira, lui